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ROSIMOND

De qui parles-tu ?

FRONTIN

D’une étourdie que vous connaissez, Monsieur ; de Lisette.

LA MARQUISE

De la mienne ? de celle que j’ai laissée à Paris ?

FRONTIN

D’elle-même.

LE COMTE

, riant.

Et le nom de Marquis, d’où te vient-il ?

FRONTIN

De sa grâce, je suis un Marquis de la promotion de Lisette, comme elle est Comtesse de la promotion de Frontin, et cela est ordinaire. (Au Comte.) Tenez Monsieur, je connais un garçon qui avait l’honneur d’être à vous pendant votre séjour à Paris, et qu’on appelait familièrement Monsieur le Comte. Vous étiez le premier, il était le second. Cela ne se pratique pas autrement ; voilà l’usage parmi nous autres subalternes de qualité, pour établir quelque subordination entre la livrée bourgeoise et nous ; c’est ce qui nous distingue.

ROSIMOND

Ce qu’il vous dit est vrai.

LE COMTE

, riant.

Je le veux bien ; tout ce qui m’inquiète, c’est que ma fille a vu cette lettre, elle ne m’en a pourtant pas paru moins tranquille : mais elle est réservée, et j’aurais peur qu’elle ne crût pas l’histoire des promotions de Frontin si aisément.