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ROSIMOND

Va-t’en. C’est Marton qui lui a tourné la cervelle !

FRONTIN

Non, Monsieur, elle m’a corrigé, j’étais petit-maître aussi bien qu’un autre ; je ne voulais pas aimer Marton que je dois épouser, parce que je croyais qu’il était malhonnête d’aimer sa future ; mais cela n’est pas vrai, Monsieur, fiez-vous à ce que je dis, je n’étais qu’un sot, je l’ai bien compris. Faites comme moi, j’aime à présent de tout mon cœur, et je le dis tant qu’on veut : suivez mon exemple ; Hortense vous plaît, je l’ai remarqué, ce n’est que pour être joli homme, que vous la laissez là, et vous ne serez point joli, Monsieur.

DORIMÈNE

Marquis, que veut-il donc dire avec son Hortense, qui vous plaît ? Qu’est-ce que cela signifie ? Quel travers vous donne-t-il là ?

ROSIMOND

Qu’en sais-je ? Que voulez-vous qu’il ait vu ? On veut que je l’épouse, et je l’épouserai ; d’empressement, on ne m’en a pas vu beaucoup jusqu’ici, je ne pourrai pourtant me dispenser d’en avoir, et j’en aurai parce qu’il le faut : voilà tout ce que j’y sache ; vous allez bien vite. (À Frontin.) Retire-toi.

FRONTIN

Quel dommage de négliger un cœur tout neuf ! cela est si rare !

DORIMÈNE

Partira-t-il ?