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que vous êtes en province, où il y a des règles, des maximes de décence qu’il ne faut point choquer ?

DORIMÈNE

Plaisantes maximes ! Est-il défendu de s’aimer, quand on est aimable ? Ah ! il y a des puérilités qui ne doivent pas arrêter. Je vous épouserai, Monsieur, j’ai du bien, de la naissance, qu’on nous marie ; c’est peut-être le vrai moyen de me guérir d’un amour que vous ne méritez pas que je conserve.

ROSIMOND

Nous marier ! Des gens qui s’aiment ! Y songez-vous ? Que vous a fait l’amour pour le pousser à bout ? Allons trouver la compagnie.

DORIMÈNE

Nous verrons. Surtout, point de mariage ici, commençons par là. Mais que vous veut Frontin ?



Scène VII

ROSIMOND, DORIMÈNE, FRONTIN


FRONTIN

, tout essoufflé.

Monsieur, j’ai un mot à vous dire.

ROSIMOND

Parle.

FRONTIN

Il faut que nous soyons seuls, Monsieur.

DORIMÈNE

Et moi je reste parce que je suis curieuse.

FRONTIN

Monsieur, Madame est de trop ; la moitié de ce que j’ai à vous dire est contre elle.