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son éloignement pour moi, il faut être fait à se douter de pareille chose !

MARTON

Il est vrai qu’on est presque sûr d’être aimé quand on vous ressemble, aussi ma maîtresse vous aurait-elle épousé d’abord assez volontiers : mais je ne sais, il y a eu du malheur, vos façons l’ont choquée.

ROSIMOND

Je ne les ai pas prises en province, à la vérité.

MARTON

Eh ! Monsieur, à qui le dites-vous ? Je suis persuadée qu’elles sont toutes des meilleures : mais, tenez, malgré cela je vous avoue moi-même que je ne pourrais pas m’empêcher d’en rire si je ne me retenais pas, tant elles nous paraissent plaisantes à nous autres provinciales ; c’est que nous sommes des ignorantes. Adieu, Monsieur, je vous salue.

ROSIMOND

Doucement, confiez-moi ce que votre maîtresse y trouve à redire.

MARTON

Eh ! Monsieur, ne prenez pas garde à ce que nous en pensons : je vous dis que tout nous y paraît comique. Vous savez bien que vous avez peur de faire l’amoureux de ma maîtresse, parce qu’apparemment cela ne serait pas de bonne grâce dans un joli homme