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visage. Je connais une très laide femme que vous avez appelée charmante Iris. La folle n’en veut rien rabattre. Son miroir n’y gagne rien ; elle n’y voit plus qu’Iris. C’est sur ce pied-là qu’elle se montre ; et la charmante Iris est une guenon qui vous ferait peur. Je vous pardonnerais tout cela, cependant, si vos flatteries n’attaquaient pas jusqu’aux princes ; mais pour cet article-là, je le trouve affreux.

MERCURE

Malepeste ! c’est l’article de tout le monde.

APOLLON

Quoi ! dire la vérité aux princes !

LA VÉRITÉ

Le plus grand des mortels, c’est le Prince qui l’aime et qui la cherche ; je mets presque à côté de lui le sujet vertueux qui ose la lui dire. Et le plus heureux de tous les peuples est celui chez qui ce Prince et ce sujet se rencontrent ensemble.

APOLLON

Je l’avoue, il me semble que vous avez raison.

LA VÉRITÉ

Au reste, Apollon, tout ce que je vous dis là ne signifie pas que je vous craigne. Vous savez aujourd’hui de quel Prince il est question. Faites tout ce qu’il vous plaira ; la Sagesse et moi, nous remplirons