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MAÎTRE PIERRE

Ah ! nous y velà donc, à la gentilhommerie ! Eh fi, noute Monsieur ! ça est vilain à voute âge de bailler comme ça dans la bagatelle ; en vous amuse comme un enfant avec un joujou. Jamais je n’endurerai ça ; voyez-vous, Monsieur Dorante est amoureux de voute fille, alle est amoureuse de li ; il faut qu’ils voyont le bout de ça. Hier encore, sous le barciau de noute jardin je les entendais. (À part.) Sarvons-li d’une bourde. (Haut.) Ma mie, ce li disait-il, voute père veut donc vous bailler un autre homme que moi ? Eh ! vraiment oui ! ce faisait-elle. Eh ! que dites-vous de ça ? ce faisait-il. Eh ! qu’en pourrais-je dire ? ce faisait-elle. Mais si vous m’aimez bian, vous lui dirais quou ne le voulez pas. Hélas ! mon grand ami, je lui ai tant dit ! Mais bref, à la parfin que ferez-vous ? Eh ! je n’en sais rian. J’en mourrai, ce dit-il. Et moi itou, ce dit-elle… Quoi, je mourrons donc ? Voute père est bian tarrible… Que voulez-vous ? comme on me l’a baillé, je l’ai prins…

MONSIEUR ARGANTE

, en colère et s’en allant.

L’impertinente, avec son amant ! et toi encore plus impertinent de me rapporter de pareils discours ; mais mon gendre va venir, et nous verrons qui sera le maître.