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CHAPITRE PREMIER

LE VIEUX PAYS

I

L’après-midi, dans la moiteur de septembre, le canon a signalé au chef-lieu de la Réunion la malle de France. Émergeant de l’horizon, elle est allée mouiller dans le port de la Pointe, de l’autre côté de la montagne de Saint-Denis ; et les familles de la Société sont descendues au Barachois pour attendre le train postal. Le crépuscule prématuré de cinq heures couvre la ville assombrie par le Cap devant la mer cuivrée de soleil. Assise sur un banc entre sa mère et une amie, Eva Fanjane, de son visage aux traits doux où s’absorbent les yeux noirs passionnés, fixe la montagne basaltique sur laquelle la petite croix des Signaux reste maintenant nue. Le ciel se veloute entre des nuages pommelés. Il ne passe point de brise sur le pont où tout le monde coquet de ce dimanche s’est réparti autour d’elle :