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LA VILLE CHARNELLE

sans souci des grands vaisseaux
aux mâts ambitieux,
qui surgissent au large et grandissent
dans le soleil, comme de blanches cathédrales.

Parmi la nostalgie et le silence
fulgurant des midis…
les voiles s’arrêtent, éperdues dans l’espace,
sous les cieux frénétiques !
Les voiles s’abattent comme des cadavres,
sur le pont foudroyé de lumière
et la mer hallucinante les enlace !…

Plus tard, quand la brise paresseuse
se lève en soupirant sur la mer qui tressaille,
les voiles doucement ingénues et coquettes
se réveillent et s’exaltent parmi le miel des brises.
Elles sont encore toutes éblouies ;
elles vont tâtonnant dans l’azur,