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LES VIGNES FOLLES

Elle dépose enfin sa corbeille à nos pieds,
d’un geste rose aux élégances vaporeuses,
si lestement qu’à flots
les fraises, les roses et les coquelicots
ruissèlent sur nos têtes éclaboussant nos chevelures…

Prenez-nous, Vendangeurs, sur vos poitrines…
Nous sommes presque nues, et nos visages d’émeraude
sont trempés de sueurs
sous le poids violent de nos tresses méchantes.
La brise chaude du désir
picote le satin de nos mamelles
dont le raisin est mûr.
Mais non ! Pitié ! Soyez plus doux ! Pourquoi fouiller
ainsi brutalement et retrousser nos robes de verdure ?
Nous n’avons plus, hélas, cachées entre nos seins
les chantantes perdrix du ciel à vous offrir !