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DITHYRAMBES

La vierge Poésie s’avance à pas de lune…

Et, rameur nonchalant, tu lâches les deux rames
pour mieux tendre les bras vers son ombre argentée
en modulant ta voix sur la molle cadence
de ces pieds lumineux qu’escortent les serpents.

Ton chant emplit l’espace d’une immortalité
sublime où tout à coup les montagnes lointaines
exaltent en plein ciel des visages superbes !…
L’horizon crénelé des roches titaniques
se retrempe avec joie dans une eau d’héroïsme,
et les cimes baignées d’atmosphères divines
attendent avec angoisse
tes pas puissants de jeune dieu !