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À FRANCIS JAMMES

Ô poète inspiré par le souffle des bois,
ô toi le doux berger de nos âmes plaintives,
j’aime ton cœur agreste aux bleus vallonnements
noyés de brume, où le Soleil levant
étire ses rayons tout trempés de sommeil !

Quand la buée de l’aube attendrit les coteaux
de turquoise fertile, tu brandis aussitôt
d’un geste puéril
une houlette d’or, qu’aurait aimé Virgile,
sur ton vaste troupeau nourri de serpolet.
Et tu cries : « Désirs, ô grands chiens affolés,
aboyez donc à tous les coins de l’horizon !…
Réveillez mes brebis aux soyeuses toisons
dont la lune acheva le contour vaporeux ! »