Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
171
DITHYRAMBES

ont tout à coup l’air de courir
sur leurs ailes de toile baleinée
comme sur des jambes démesurées…

Voilà que les Montagnes s’apprêtent à lancer
sur ma fuite des manteaux de fraîcheur somnolente…
Là ! Là ! regardez ! à ce tournant sinistre !…
Montagnes, ô Bétail monstrueux, ô Mammouths
qui trottez lourdement, arquant vos dos immenses,
vous voilà dépassés… noyés…
dans l’écheveau des brumes !…
Et j’entends vaguement
le fracas ronronnant que plaquent sur les routes
vos jambes colossales aux bottes de sept lieues…

Montagnes aux frais manteaux d’azur !…
Beaux fleuves respirant au clair de lune !…
Plaines ténébreuses ! je vous dépasse au grand galop
de ce monstre affolé… Étoiles, mes Étoiles,
entendez-vous ses pas, le fracas des abois