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LE SOIR ET LA VILLE

La Ville était murée d’orgueil et de soleil…

La Ville méprisant la nocturne épouvante
qui montait du lointain à l’assaut des clartés,
hérissa tout à coup d’une main rutilante
le faisceau résonnant des clochers vers le ciel.
Et les clochers brandis comme des lances noires
meurtrirent la chair lasse et auguste du Soir.

Et le Soir fut blessé ; et sa voix d’or se tut…
et sa chair pantelante et gorgée de douleur
s’affaissa sur la Ville, au chant flou des ramiers.