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LA VILLE CHARNELLE

Étoiles, vous voulez me parler de caresses
si pénétrantes et douces que mon cœur en mourra !
… Je connais la chanson. N’importe ! Prenez-moi !…
Vous boirez dans ma chair tout le sang qu’il vous faut,
ce soir, et vous réclamerez, à grands cris noirs,
sur ma bouche, le spasme écartelant mon cœur
comme une roue d’acier,
le spasme aux dents aiguës et frottées de pavots…

Car je serais, malgré mon âpre volonté
et malgré tous les dieux, votre pâle martyr !…
Étoiles, Étoiles, faites de moi votre fougueux plaisir !
Jusqu’à la mort des vieux Soleils mélancoliques
qui charbonnent silencieusement,
je veux jouir entre vos bras de flamme torse
et râler sous vos fines morsures sataniques,
ô maudites Étoiles, ô Courtisanes d’or !…