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LA VILLE CHARNELLE

à la pâleur maladive du ciel…
Leurs traînes en éventail de brume violette
tressaillent mollement sur les coteaux esclaves !

Folles Étoiles vertes, qui pleurez
et chantez à loisir… allez-vous donc bientôt
froisser et déchirer ce soir fragile et rose
par le crépitement de vos éclats de rire,
ou submerger la nuit de pleurs intarissables ?…
Que voulez-vous de moi ?… Qu’avez-vous à scruter
dans les tréfonds impénétrables de mon âme ?…

J’ai fui la ville empouacrée, recuite de soleil !…
J’ai fui son âme jaune de poussière envolée
et ses rues étranglées où fermente l’angoisse,
marchant vers la tendresse émouvante du soir
et son effeuillaison d’aromes sur la mer !…
Et vous voilà surgies de toutes parts en un prodige !…