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LA VILLE CHARNELLE

embroussaillée de feu et de monnaies vermeilles.
Son torse tatoué émerge de la mer
en ruisselant comme au sortir d’un bain de pourpre.
Il se dresse d’un bond, s’arcboutant sur les nues
pour contempler l’insouciante Ville rose ;
puis, se penchant il ose en caresser les hanches
si bien que les blanches murailles
tressaillent de plaisir.

C’est alors que leur ombre s’étendit sur les sables,
comme un mol éventail d’azur immensurable.
J’en fus enveloppé sur mon chemin poudreux…
C’est alors que je vis flamboyer les vitraux
sur le beau front d’ivoire de la suprême citadelle,
qu’écrasent les cheveux embaumés des jardins…
Vitraux brûlants, dont les cils d’or battent d’effroi
parmi l’éclat répercuté de la lumière,
un passant en prière m’a narré les splendeurs
dont vous auréolez les clairs pèlerinages