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des lettres, reçoit des éditeurs des propositions de traités pour ses livres futurs.

En même temps qu’il écrivait une histoire d’amour à la fois très idéalisée et très réaliste, mais sans aucune des brutalités habituelles aux naturalistes, Loti réussissait à peindre avec une poésie pénétrante le décor étrange de « l’île délicieuse ». L’enchantement mélancolique de ces plages perdues, jonchées de coraux sous lesquels vient mourir la grande houle du Pacifique, Loti l’a su rendre de façon troublante pour tous ceux que transporte l’amour des cieux inconnus. Mais en outre, au dire de ceux-là même qui virent Tahiti au temps de la Flore, c’est du moins, pour ceux qui savent sentir, une évocation d’une prodigieuse vérité.

Dans le roman suivant que publia également la Nouvelle Revue et qui parut en 81 sous ce titre :Le Spahi, par l’auteur d’Azyadé, Loti utilisait encore les impressions d’une campagne faite comme enseigne au Sénégal et en Guinée. Mais cette fois, au lieu de se mettre en scène, il prenait pour héros un de ces êtres simples et bons dont il a toujours préféré la société, au grand scandale de contemporains hypocrites, à celle de nombre de civilisés prétentieux et nuls. Dans » le roman d’un Spahi », l’Afrique morne et désolée était rendue avec une puissance d’évocations au moins égale à celle de 'Rarahu et d’Azyadé mais avec plus d’art encore et avec une habileté merveilleuse pour voiler les crudités de certaines scènes dont le lecteur à peine entrevoit l’érotisme exaspéré.