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NOTICE.

vent pas, tant parmi les auteurs anciens que parmi les écrivains du moyen âge. La version de le Grand n’est pas toujours littérale ; il paroît même, en plusieurs endroits, s’être considérablement éloigné de l’original. On doit encore à ce critique, la version de divers contes ou fabliaux qu’il a, mal-à-propos, attribués à d’autres trouvères, mais qui appartiennent incontestablement à Marie[1].

J’ai fait pressentir que la Fontaine avoit eu connoissance des fables de Marie, et qu’il en avoit emprunté plusieurs sujets. Il sera facile de vérifier ce fait en examinant les admirables productions du fabuliste françois, pour y découvrir quelques-unes des trente-neuf fables qui paroissent manquer dans tous les auteurs de ce genre ; on trouvera que la Fontaine est entièrement redevable à Marie des sujets de la Femme qui se noie, du Renard et du Chat, du Renard et du Pigeon, etc. Dans quelques autres fables, il n’a pris que le sujet en changeant le nom des acteurs. En les retouchant avec le style naïf dont il a eu seul le secret, il les a enrichis, leur a donné une physionomie nouvelle et un air d’originalité.

  1. Fabliaux, tom. II, p. 330, 334 ; tom. III, p. 122, 129.