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NOTICE.

tard[1]. La morale des fables renferme des allusions fréquentes aux vices du gouvernement féodal, aux abus de pouvoir commis par les seigneurs, aux exactions et aux violences exercées par leurs agents. Cette nouvelle preuve démontre parfaitement que la version angloise est postérieure au règne d’Alfred ; et, avant de l’attribuer à ce monarque ou à quelque savant de sa cour, il est nécessaire de démontrer que Marie, qui avoit appris la langue angloise dans le XIIIe siècle, étoit en état de comprendre et d’expliquer l’anglo-saxon du IXe ; ce que nous avons démontré ne pouvoit être possible.

Mais, dira-t-on, un manuscrit[2] attribue cette version au roi Henri. Trois princes ont porté ce nom : examinons si l’un d’entre eux peut être regardé comme le traducteur du recueil. On sait que Marie florissoit sous Henri III ; et, dès le règne de Henri Ier, les François et les Normands connoissoient les fables d’Ésope, ou du moins celles qui lui furent attribuées dans le moyen âge[3].

  1. Madox’s History of the Exchequer, chap. IV.
  2. Bibliothèque Harléienne, n° 4333.
  3. Pyrithoüs, fils du duc d’Athènes, voulant déclarer la guerre à Thélamon, duc de Corinthe, dépêche