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NOTICE.

ouvrage le Dit d’Ysopet ou le livre d’Ésope. Elle prévient même qu’elle translata ce fabuliste en langue romane ; elle s’imagina, sans doute, traduire réellement l’auteur phrygien, et le crut avec d’autant plus de raison que l’original latin portoit le même titre. Ce qui doit achever de lever la difficulté, c’est que le manuscrit déjà cité renferme, suivant l’introduction, cinquante-six fables et fabliaux, d’abord traduits en prose latine, puis en prose angloise. Dans ce manuscrit comme dans ceux qui contiennent la version de Marie, il se trouve beaucoup de fables et de fabliaux attribués à Ésope, qui n’ont jamais pu être composés par ce sage. J’ajouterai que si l’on compare les fables qui lui sont attribuées avec celles qui ont été mises en vers par Marie, on s’apercevra bientôt que ces dernières ne peuvent être regardées comme une version littérale des premières. Les récits de Marie sont bien plus circonstanciés que ceux d’Ésope ; ses réflexions morales ou son genre de moraliser sont bien différents, puisqu’ils se rapportent toujours au abus du gouvernement féodal ; sa manière se rapproche beaucoup plus de Phèdre que de l’écrivain grec.

Il est facile de se convaincre de cette vé-