Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, II, 1820.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
DE MARIE DE FRANCE.

FABLE X.

D’un Vorpil et d’un Aigle qui enporta un des
Faons au Gourpill
[1].

Dun Verpil cunte la menière[2]
Ki fu issus de sa tesnière,
Od ses enfanz devant joa,
Un Aigles vint, l’un enpurta.
Li Gopis vait après priant
È k’il li rende sun enfant ;
Mès il nel’ volt mie escuter,
Si li cuvient à returner,
Un tizun prist de fu ardant
È sèche buche vait cuillant,10
Entur le caisne la meteit[3]
Où cele Aglez sun ni aveit.

  1. La Fontaine, liv. V, f. xviii, l’Aigle et le Hibou.
    Phædr., lib. I, f. 28. Vulpes et Aquila.
    Romul. Nil., lib. II, fab. XI, idem.
    Anon. Nil., fab. 14.
  2. Un renard étant sorti de sa tanière, se tenoit a l’entrée et jouoit avec ses enfants.
  3. Il les dépose autour du chêne, au haut duquel l’aigle avoit placé son nid.