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LAI DE L’ÉPINE

La jeune personne spectatrice du combat, étoit dans un grand effroi pour son ami. Dans son désespoir, elle crie miséricorde au chevalier, et le prie de cesser un combat qui lui porte la mort dans le cœur.


Le chevalier, homme aimable et bien élevé, cessa aussitôt le combat et s’éloigna rapidement. Tous deux quittant la place, traversent la rivière, et le prince s’empresse de se rendre auprès de son amie qui étoit toute tremblante sous le Buisson d’Épine. La jeune personne voyant arriver son amant, se lève à son approche et monte sur le bon destrier de Castille qu’elle tenoit par la bride. Le jour étoit prêt à paroître, le prince avoit terminé son entreprise ; alors les jeunes gens se mettent en marche pour retourner à la cour, où ils arrivèrent dans la journée. Le roi fit le plus grand accueil à son fils ; mais une chose l’étonnoit beaucoup, c’étoit de le voir revenir avec la fille de sa femme.