Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/523

Cette page a été validée par deux contributeurs.
507
LAI DE GRAELENT

férer à mes prières, je garderai vos vêtements ; c’est fâcheux, mais vous avez un bien beau corps. La jeune personne voyant que le chevalier attendoit sa sortie de l’eau, qu’à ce prix seulement elle auroit ses vêtements, elle lui demande en grace de la respecter et de ne lui faire aucune insulte. Graelent la rassure à cet égard, lui présente d’abord la chemise qu’elle passe avant de sortir de l’eau, puis lui tient le manteau qu’il attacha lui-même. Lui donnant la main gauche, il l’éloigne de ses deux compagnes ; il la prie et la requiert d’amour et sollicite la faveur d’être son amant. La dame surprise répondit : Moi, ta maîtresse ! en vérité, cet excès de présomption me fait présumer que ta raison n’est pas saine. Je dois être bien surprise de ce que tu m’as osé proposer. Tant de hardiesse mériteroit une punition exemplaire. Il ne convient pas à un homme de ton espèce, de porter ses vœux sur une femme de mon rang. La fierté du caractère de la dame prouve à Graelent qu’il n’obtiendra rien de sa belle par la douceur ; et il ne veut pas se séparer d’elle avant