Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/505

Cette page a été validée par deux contributeurs.
489
LAI DE GRAELENT


entré en guerre avec les princes ses voisins, demanda un grand nombre de chevaliers pour les retenir à son service. Graelent fut des premiers à se ranger sous la bannière du roi. Celui-ci le retint à son service avec d’autant plus de plaisir qu’il étoit beau chevalier ; aussi lui donna-t-il des preuves de son estime et de son amitié. De son côté, Graelent cherchoit à mériter les bontés du monarque, soit en remportant le prix dans les joutes et les tournois, soit en combattant les ennemis de son prince. Le bruit de tant de mérite parvint bientôt jusqu’aux oreilles de la reine ; à force d’entendre vanter le courage et la beauté du chevalier, elle prit de l’amour pour lui. Un jour elle tire à part son chambellan : Parle-moi franchement, n’as-tu pas souvent entendu parler du beau chevalier Graelent dont chacun fait l’éloge ? Oui, ma dame, je sais qu’il est brave et courtois, aussi n’est-il personne qui ne l’aime. La reine répondit sur-le-champ : Mon cœur depuis long-temps me parle en sa faveur et je veux l’avoir pour ami. Va-le trouver, dis-lui de se rendre