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LAI D’ELIDUC.

que jour, je voulus savoir où il alloit, je le fis suivre et je suis venue moi-même pour connoître le sujet de son chagrin. Je ne saurois vous dire la joie que j’éprouve de vous voir rendue à la vie. Vous retournerez avec moi et je veux vous remettre entre les mains de votre ami. Je le tiens quitte de ses serments, puisque mon dessein est de prendre le voile. La dame s’y prit de telle manière, qu’elle parvint non-seulement à consoler la belle affligée, mais encore à l’emmener avec elle. Elle commande à l’écuyer d’aller trouver Eliduc et de lui rendre compte de ce qui s’étoit passé. L’écuyer fait diligence, rencontre le chevalier, lui raconte l’aventure et remplit parfaitement sa commission. Eliduc monte aussitôt à cheval sans attendre sa suite ; et arrive chez lui à la nuit fermée. En revoyant son amie, il remercie tendrement sa femme, il est au comble de la joie et ne fut jamais plus heureux. Il embrasse souvent sa belle qui lui rend ses caresses avec moins d’empressement. La femme d’Eliduc prie son mari de lui donner congé, parce qu’elle veut se