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LAI D’ELIDUC.

du pays. D’ailleurs, dit-il, mon dessein est d’élever en ce lieu un monastère ou une abbaye. En recommandant à Dieu l’infortunée Guillardon, nous allons, en attendant, la coucher devant l’autel ; apportez-moi vos manteaux, je vais lui en faire un lit, puis je la couvrirai du mien. Quand vint le moment où le chevalier dut quitter sa maîtresse, il pensa mourir de chagrin. Il l’embrassoit, lui baisoit les yeux, l’arrosoit de ses larmes. Belle, je jure sur vous de renoncer aux armes et de me retirer du monde. Oui, tendre amie, c’est pour votre malheur que vous m’avez vu et que vous m’avez suivi. Que je suis donc à plaindre puisque c’est par votre amour pour moi que vous n’existez plus. Sans moi vous fussiez devenue reine. Le jour que je vous descendrai dans la tombe, j’entre dans un couvent, je renonce au monde et chaque jour près de vous, je viendrai m’entretenir de ma douleur.


Le chevalier abandonne ce triste lieu et ferme avec soin les portes de la chapelle.