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LAI D’ELIDUC.

rai le corps de mon amie qu’il ensevelira dans sa chapelle ; je lui ferai tant de bien, qu’il fondera une abbaye soit de religieux ou de chanoines qui nuit et jour prieront le Seigneur de lui accorder la vie éternelle. Eliduc monte à cheval ainsi que ses compagnons auxquels il fait jurer de ne jamais rien révéler de ce qu’ils vont voir. Devant lui, sur son palefroi, Eliduc portoit son amie. Ils entrent dans la forêt et arrivent à la chapelle ; ils frappent, ils appellent, mais ils ne trouvent personne qui vienne leur ouvrir. Impatienté d’attendre, Eliduc donne l’ordre à l’un des siens d’escalader le mur et d’ouvrir les portes, ce qui fut exécuté sur-le-champ. Sitôt qu’il est entré, Eliduc s’aperçoit que le saint ermite avoit terminé sa carrière depuis huit jours. La vue de sa tombe nouvellement élevée, augmenta la tristesse du malheureux amant. Ses amis vouloient creuser une seconde fosse pour y déposer Guillardon ; Eliduc les arrêta en les prévenant qu’il ne prendroit aucune détermination à l’égard des funérailles de cette belle, avant d’avoir consulté les gens sages