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LAI D’ELIDUC.

d’un bois, le chevalier et ses amis attendoient la princesse qu’ils virent arriver avec plaisir. Le chambellan remet à Eliduc son amie ; au comble de la joie, il l’embrasse tendrement et la fait monter en croupe. Ils se mettent en route, précipitent le pas et viennent au port de Totenois où ils s’embarquent de suite. Le vaisseau qu’ils montoient ne portoit que le chevalier, sa mie et leur suite. Ils eurent très-beau temps pendant la traversée, mais au moment de prendre terre, il s’éleva une tourmente furieuse ; le vent les jeta loin du port, la grande vergue fut rompue et les voiles déchirées.

Les passagers s’agenouillent en réclamant avec ferveur l’intercession de saint Clément, de saint Nicolas, et de madame sainte Marie ; ils la supplient d’implorer les bontés de son fils pour les garantir de péril et les conduire au port. Poussé par la tempête, le vaisseau dérive tantôt en avant, tantôt en arrière. Un des écuyers se mit à s’écrier : Qu’avons-nous besoin de prières ? Vous avez près de vous, seigneur,