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LAI D’ELIDUC.

lonté, quoi qu’il m’en puisse avenir. Eh ! bien, puisque vous ne voulez pas rester, emmenez-moi avec vous, sans cela je m’ôte la vie, puisque je n’aurais plus aucun plaisir. Eliduc répondit : Vous savez combien je vous aime, ma belle ; attaché à votre père par serment, je ne puis vous emmener avec moi sans le trahir et sans manquer à ma foi. Mais je vous jure, sur l’honneur, si vous voulez m’accorder congé, de revenir au jour que vous indiquerez ; rien au monde, puisque ma vie est entre vos mains, ne pourra me retenir, si cependant je suis encore vivant[1]. Guillardon permet alors à son amant de s’absenter et fixe l’époque de son retour. Leurs adieux les accablent de douleur. Avant de se quitter, ils échangent leurs bagues, puis se donnent le baiser de séparation. Eliduc arrive vers la mer, s’em-

  1. La chevalerie étant une sorte de prêtrise (voyez ci-dessus p. 8), la promesse du chevalier devenoit une chose sacrée du moment qu’elle étoit faite. Aussi n’étoit-il pas permis de douter de la véracité d’un fait rapporté par un chevalier, ou de l’entreprise dont il formoit le projet.