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LAI D’ELIDUC.

pauvres chevaliers. Il défendit à ses gens sous les peines les plus sévères, de ne rien exiger des habitants pendant les quarante premiers jours, soit en fournitures soit en argent. Eliduc étoit arrivé depuis trois jours seulement, lorsque les sentinelles firent savoir que les ennemis s’avançoient. Répandus dans le pays, leur dessein étoit de se rallier pour faire le siége de la ville. Sitôt qu’Eliduc apprend la nouvelle, il s’arme avec ses compagnons et marche à la tête de quatorze chevaliers seulement. Les autres étoient ou blessés ou faits prisonniers. Les hommes qui suivoient Eliduc et qui marchoient à l’ennemi, lui disent : Seigneur, nous ne vous abandonnerons jamais et nous suivrons toujours vos pas et votre exemple. C’est bien mes amis ; aucun de vous ne pourroit-il m’enseigner un pas d’armes dangereux pour le tenant, mais d’où l’on puisse faire beaucoup de mal à l’ennemi ? Je ne suis pas d’avis que nous l’attendions ici, la place ne me semble pas assez bonne et nous y conquerrions peu d’honneur. Un des guerriers répondit : Seigneur,