Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/381

Cette page a été validée par deux contributeurs.
365
LAI DE MILON.


à leur hôtel, et dès qu’ils sont désarmés, ils donnèrent une fête aux chevaliers. Milon raconta à son fils l’histoire de ses amours avec sa mère, le mariage qu’elle avoit été forcée de contracter, la durée de leurs feux ; les messages du cygne ne furent point oubliés. On rapporta comment lorsque l’on ne pouvoit se fier à personne, cet oiseau portoit les lettres et leurs réponses.

Mon père, dit le fils, je veux vous unir avec votre bien-aimée, je vais aller défier son mari, je le tuerai, puis vous épouserez sa veuve. Le lendemain les deux chevaliers prirent congé de leurs amis, et partirent pour se rendre dans la Galles. Ils traversèrent la mer par un bon vent, et ils venoient de débarquer pour se mettre en route lorsqu’ils furent joints par un jeune homme qui venoit de la part de la dame, et alloit se rendre en Bretagne pour remettre une lettre à Milon. Il a bien diminué sa peine puisqu’il a fait cette rencontre. En remettant la missive dont il étoit porteur, le jeune homme invite les deux voyageurs à faire