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LAI DE MILON.

ments qu’il ne pourra me méconnoître. Je suis au contraire persuadé qu’il m’aimera tendrement et qu’il m’estimera. Quand Milon eut entendu ce discours, il ne peut se contenir ; il descend aussitôt de cheval, et saisissant le pan du haubert[1] du jeune guerrier : Ami, dit-il, Dieu soit loué, tu es mon fils, c’est pour aller à ta recherche que je suis venu dans ces lieux, et que j’ai quitté mon pays. Le jeune homme se jette dans les bras de Milon, l’embrasse, et tous deux répandent les plus douces larmes. Les spectateurs de cette scène attendrissante les regardoient avec intérêt ; ils pleuroient de joie et de tendresse.

Le tournois achevé, les deux braves rentrent ensemble, car il tarde à Milon de parler à ce fils si digne de lui, et de connoître les desseins qu’il a formés. Ils rentrent

  1. Cotte de mailles que les chevaliers avoient seuls le droit de porter, et qui se mettoit par-dessus le gambeson. Cette cotte couvroit la poitrine jusqu’au défaut des côtes, et descendoit jusqu’aux genoux.

    Voy. Daniel, Milice Françoise, tom. I, p. 45.