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LAI DE MILON.

sieurs braves avec lui, et dès les fêtes de Pâques, époque où recommencent les joutes, les combats, il se mit à chercher par-tout l’occasion de faire sentir la force de son bras. Un tournois fut annoncé au mont Saint-Michel ; on y remarquoit un nombre considérable de Normands, de Bretons, de Flamands, de François, mais fort peu d’Anglois. Milon le bon chevalier qui s’y étoit rendu l’un des premiers, pria qu’on lui désignât le jeune héros qui remplissoit la terre du bruit de ses prouesses. Plusieurs lui fournirent des renseignements, lui indiquèrent les lieux qu’il avoit parcourus, les victoires qu’il avoit remportées, et lui firent remarquer la couleur de son écu et les armes qu’il portoit. Le tournois commence ; qui joute cherche, la trouve de suite ; qui veut combattre dans les rangs, peut bientôt perdre ou gagner, et peut trouver un rival dangereux. Je vous dirai que Milon s’étant mis au nombre des combattants, fit dans cette journée maints exploits recommandables. Mais le jeune homme remporta le prix. Milon s’avança dans la