Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/353

Cette page a été validée par deux contributeurs.
337
LAI DE MILON.

teau ne se douta de ce qui s’étoit passé. La mère passa au col de son bel enfant l’anneau du chevalier et une bourse de soie qui renfermoit la lettre, afin que personne ne pût la lire. L’enfant fut ensuite placé dans un berceau entouré de beau linge blanc ; sa tête reposoit sur un excellent oreiller ; le tout étoit enveloppé d’une riche étoffe bordée de martre tout alentour. C’est dans cet état que la vieille femme remit le nouveau né à Milon, qui attendoit dans le jardin. Le chevalier commande à ses gens de porter son fils dans l’endroit désigné, et leur trace la route qu’il doivent suivre.

Pendant le voyage, deux nourrices le faisoient boire sept fois par jour, le baignoient[1] et le faisoient reposer à plusieurs reprises. Enfin on arrive chez la tante qui, après avoir lu la lettre, prit le plus grand

  1. L’usage des bains domestiques introduit par les Romains, tant dans les Gaules que dans l’Angleterre étoit généralement répandu, sur-tout avant que les deux nations eussent adopté l’usage du linge.