Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/349

Cette page a été validée par deux contributeurs.
333
LAI DE MILON.

la proposition qui lui est faite ; elle invite son amant à venir la trouver dans un verger près de sa chambre, où elle avoit coutume d’aller se récréer. Milon s’y rendoit souvent ; son amour augmentoit sans cesse, et son amie ne tarda pas à montrer les preuves de sa foiblesse. Dès que la demoiselle aperçoit son état, elle mande son amant, se plaint amèrement de ce qu’elle a perdu son père et ses biens. Tous les malheurs vont fondre sur moi, dit-elle, et je serai cruellement punie. Vous savez que je serai traitée sans ménagement, et que je serai vendue pour aller dans un autre pays ; et vous ne devez pas l’ignorer, cette coutume vient des anciens qui l’ont établie[1]. Milon fort affligé demande conseil à sa mie, et lui promet d’exécuter tout ce qu’elle lui commandera. Dès que je serai accouchée, vous porterez mon enfant chez ma sœur, femme

  1. Cela tient sans doute à l’ancienne jurisprudence du pays de Galles. Voy. Houard, Anciennes Lois des François, conservées dans les coutumes angloises, tom. I, p. 416.