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LAI D’YWENEC.

furent convenus de tous leurs faits, le chevalier prit congé pour retourner dans son pays. La dame le prie avec tendresse de revenir souvent. Belle amie, je vous verrai toutes les fois que vous le desirerez, à toutes les heures du jour si cela peut vous plaire. Mais je vous en conjure, prenez garde à ne commettre aucune indiscrétion qui puisse faire connoître notre intelligence. Méfiez-vous particulièrement de cette vieille, laquelle vous guettant nuit et jour finira par nous surprendre. Apercevant notre amour, elle en fera part à votre époux, et si jamais le malheur arrive que nous soyons découverts, je suis forcé de vous avouer que je ne puis m’en défendre et qu’il me faudra mourir.

En partant le chevalier laisse son amie dans la plus grande joie ; le lendemain elle se lève avec plaisir, et pendant toute la semaine, elle fut d’une gaieté charmante. Pour plaire à son amant, elle soigne davantage sali toilette. Son esprit plus tranquille lui laisse reprendre ses attraits, et bientôt elle a recouvré toute sa beauté. La tour qu’elle