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LAI DE LANVAL.

minée, et détaillé tous ses perfections, elle s’avança et parla en ces termes : Roi, j’ai aimé un de tes vassaux, c’est Lanval que vous voyez là-bas. Il fut malheureux à ta cour, tu ne l’as point récompensé ; et aujourd’hui il est injustement accusé. Je ne veux pas qu’il lui arrive le moindre mal. La reine a eu tort ; jamais Lanval n’a commis le crime dont il est accusé. Quant à l’éloge qu’il a fait de ma beauté, on a exigé ma présence, me voici : j’espère que tes barons vont l’absoudre. Arthur s’empressa de se conformer aux volontés de la dame, et les barons jugèrent d’un commun accord que Lanval avoit entièrement prouvé son droit. Sitôt qu’il fut acquitté, la dame fait ses adieux et se dispose à partir malgré les pressantes sollicitations du monarque et de sa cour, qui vouloient la retenir. Dehors la salle étoit un grand perron de marbre gris[1], il servoit pour monter à cheval ou pour en descendre aux seigneurs qui se rendoient à la cour. Lanval monta dessus, et lorsque la dame sortit du palais, il sauta sur son cheval et sortit avec elle.

  1. Voy. la note sur la fable XLVIII Dou Villain ki norri une Choe et le Grand d’Aussy, Fabliaux, in-8o, tom. I, p. 118.