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LAI DE LANVAL.

grand, ni jeune ni vieux, qui ne fût accouru pour la voir passer ; et tous ceux qui la regardoient étoient embrasés d’amour. Les amis de Lanval viennent sur-le-champ le prévenir de l’arrivée de la dame. Pour le coup, c’est elle, c’est votre maîtresse, vous serez délivré enfin ; car celle-ci est la plus belle femme qui soit au monde.

En écoutant ce discours Lanval soupira, il lève la tête et reconnoît l’objet dont son cœur est épris. Le rouge lui monte à la figure. Oui, c’est elle, s’écria-t-il, en la voyant ; j’oublie tous mes maux ; mais si elle n’a pas pitié de moi, peu m’importe de la vie, qu’elle vient cependant de me rendre.

La belle dame entre au palais, et vint descendre devant le roi. Elle laisse tomber son manteau pour mieux laisser admirer la beauté de sa taille. Le roi qui connoissoit les lois de la galanterie, se leva à l’arrivée de la dame ; toute l’assemblée en fit autant, et chacun s’empresse de lui offrir ses services. Quand les barons l’eurent assez exa-