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LAI DE LANVAL.

lui parler, de la presser entre ses bras. Il ne peut trouver de plaisir là où n’est pas l’objet de son amour. Genèvre qui cherchoit l’occasion de le trouver seul, suit ses pas, l’appelle, s’assied auprès de lui, et lui parle en ces termes ; Lanval, depuis longtemps je vous estime, je vous aime tendrement, et il ne tient qu’à vous d’avoir mon cœur. Répondez-moi, car, sans doute, vous devez vous estimer heureux puisque je vous offre de devenir mon ami. Madame, daignez me permettre de ne pas vous écouter, je n’ai nul besoin de votre amour. J’ai long-temps servi le roi avec fidélité, et je ne veux pas manquer à l’honneur et à la foi que je lui ai promise. Jamais par vous ou par l’amour de toute autre femme je ne trahirai mon seigneur suzerain. La reine courroucée de cette réponse se répandit en invectives. Il paroît, Lanval, et j’en suis persuadée, que vous n’aimez guère les plaisirs de l’amour : aussi m’a-t-on souvent dit qu’à des femmes aimables, dont au surplus vous savez vous passer vous préfériez des jeunes gens bien mis