Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.
221
LAI DE LANVAL.

habitant de la ville, un étranger même, qui n’eût part à ses libéralités. Aussi étoit-il le plus heureux des hommes, puisqu’il avoit de la fortune, qu’il étoit considéré et qu’il pouvoit voir son amie à tous les instants du jour et de la nuit.

Dans la même année, vers la fête de la saint-Jean, plusieurs chevaliers allèrent se récréer dans le verger au-dessous de la tour habitée par la reine[1]. Avec eux étoit le brave Gauvain[2] qui se faisoit aimer de

    lique. C’étoit faire le plus grand éloge d’un chevalier, que de dire de lui qui étoit large ou libéral envers les ménestriers et les pauvres chevaliers.

  1. C’est la reine Genèvre ou Genièvre, fille de Léodogogan, roi de Thamelide, femme du roi Arthur, si connue par ses amours avec le beau Lancelot du Lac, fils du roi Ban de Benoit. Voy. Ritson, Loc. cit., tom. III, p. 235 et 246. Ces noms de Genèvre ou Genièvre, paroissent être formés du breton Gwenn, blanc et eure femme ; c’est-à-dire la blanche femme.
  2. Gauvain, fils de Loth, roi d’Orcanie et d’une fille d’Iguerne, mère d’Arthur. Il étoit le conseiller de ce prince, et fut l’un des plus vaillants chevaliers de la table ronde. Nos anciens romanciers ne le désignent que sous le nom du sage Gauvain. Voy. Ritson. Loc. cit., tom. III, p. 228.