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LAI DE LANVAL.

tout près d’ici ; le chevalier s’empresse de suivre les deux jeunes personnes, et ne songe plus à son cheval qui paissoit dans la prairie. Il est amené au pavillon qui étoit fort beau et sur-tout très-bien placé. La reine Sémiramis au temps de sa grandeur, et l’empereur Octave n’auroient jamais eu une plus belle draperie que celle qui étoit placée à droite. Au-dessus de la tente étoit un aigle d’or dont je ne pourrois estimer la valeur, non plus que des cordages et des lances qui la soutenaient. Il n’est aucun roi sur la terre qui pût en avoir un semblable, quelle que fût la somme qu’il offrît. Dans le pavillon étoit la demoiselle qui, par sa beauté, surpassoit la fleur de lys et la rose nouvelle quand elles paroissent au temps d’été. Elle étoit couchée sur un lit magnifique dont le plus beau château n’auroit pas seulement payé le prix des draperies. Sa robe qui étoit serrée laissoit apercevoir l’élégance d’une taille faite au tour. Un superbe manteau doublé d’hermine et teint en pourpre d’Alexandrie, couvroit ses