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LAI DE LANVAL.

les états étoient fort éloignés ; attaché au service d’Arthur, il dépensa son avoir avec d’autant plus de facilité que ne recevant rien et ne demandant rien, il se vit bientôt dénué de ressources. Le chevalier est fort triste de se voir dans une situation pareille ; ne vous en étonnez pas, sire, il étoit étranger, et personne ne venoit à son secours ; après y avoir mûrement réfléchi, il prend la résolution de quitter la cour de son suzerain.

Lanval qui avoit si bien servi le roi, monte sur son destrier, et sort de la ville sans être suivi de personne ; il arrive dans une prairie arrosée par une rivière qu’il traverse. Voyant son cheval trembler de froid, il descendit, le dessangla, puis le laissa paître à l’aventure. Ayant plié son manteau, le chevalier se coucha dessus, et rêvoit tristement à son malheur. En jetant les yeux du côté de la rivière, il aperçoit deux demoiselles d’une beauté ravissante, bien faites et vê-