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LAI DU FRÊNE.

appellé Buron, lequel étoit chéri de ses vassaux. Il entendit parler des bonnes qualités de Frêne, et ne put s’empêcher de l’aimer. En revenant d’un tournois, il passa par le couvent, et pria l’abbesse de faire venir sa nièce. Le chevalier trouva la demoiselle si fort au-dessus du portrait qu’on lui en avoit fait, qu’il en fut entièrement épris. Il se regardera comme très-malheureux s’il n’obtient l’amour de cette belle. Sa raison se trouble et il ne sait à quoi se résoudre, ni quel parti prendre. S’il vient trop souvent à l’abbaye, la supérieure découvrira le motif de ses visites, et lui défendra de les continuer. À force de réfléchir à sa situation, il pensa qu’en faisant diverses donations au couvent, il l’enrichiroit à jamais, et qu’il demanderoit en retour un appartement pour l’occuper lorsqu’il passeroit dans le canton. Pour obtenir la confiance des religieuses il leur donna des terres considérables, afin de faire prier pour lui, mais Buron avoit bien d’autres motifs que celui de demander le pardon de ses fautes. Dès qu’il eut obtenu l’objet de