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LAI DU FRÊNE.

yeux sur le frêne, est l’étoffe de soie dont l’enfant étoit enveloppé. Présumant que cet objet, pouvoit avoir été dérobé, le portier s’empresse de venir à l’arbre pour prendre cette étoffe, et la remettre au véritable propriétaire. Mais au moment où il y portoit la main, le prud’homme découvre que l’étoffe de soie servoit à envelopper un enfant. Il rendit grace au ciel, alla prendre cette innocente créature, la porta aussitôt dans sa maison, la remit à sa fille, laquelle étoit veuve et avoit un jeune enfant qu’elle allaitoit. Le prud’homme rentrant au logis appelle la jeune veuve en lui disant : Allons ma fille, levez-vous sur le champ, allumez la chandelle et le feu. Je vous apporte un enfant que j’ai trouvé sur le frêne, vous allez le réchauffer, le baigner et le nourrir de votre lait. La veuve suivit de point en point les ordres de son père, elle allume le feu, rechauffe l’enfant, le baigne et l’allaite ; puis en déshabillant la petite, la vue de l’anneau d’or et de l’étoffe de soie, firent présumer à ces bonnes gens que le petit abandonné devoit appartenir à une classe élevée. Le lendemain après