Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
LAI DE GUGEMER.

chose. Alors lui portant la main sur le côté, il s’aperçoit qu’elle porte la ceinture qui doit servir à leur reconnoissance. Ah ! belle amie, dites-moi de grâce par quel hasard heureux je vous trouve en ce pays ! qui peut vous y avoir amenée ! Aussitôt elle lui raconta les peines et les tourments qu’elle avoit endurés, son emprisonnement, sa résolution de se détruire, sa délivrance, son voyage et son arrivée chez Mériadus, qui la combloit d’honneurs, mais qui la requéroit sans cesse d’amour : réjouissez-vous, mon ami, votre amante vous est rendue.

Gugemer se lève aussitôt, et s’adressant à l’assemblée, il dit : Beaux seigneurs, daignez m’écouter ; je viens de retrouver mon amie, que je croyois avoir perdue pour toujours. Je prie donc Mériadus de me la rendre, et pour le remercier, je deviendrai son homme-lige ; je m’engage à le servir pendant deux ou trois ans avec cent chevaliers que je soudoierai. Cher ami, répond Mériadus, la guerre que je soutiens ne m’a pas encore réduit au point de pouvoir accepter l’offre que vous me faites. J’ai trouvé