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LAI DE GUGEMER.

laquelle il étoit plongé, ses amis veulent lui donner une épouse, mais Gugemer s’en défendit en déclarant qu’il ne prendroit aucune femme, soit par amour ou par richesse, que celle qui pourroit défaire le pli de la chemise. Quand cette nouvelle fut répandue dans la Bretagne, tout ce qu’il y avoit de filles et de femmes à marier, vint pour tenter l’aventure, mais aucune n’en put venir à bout.

Pendant ce temps, l’objet des amours de Gugemer, la dame infortunée gémissoit dans un cachot, où l’avait fait mettre son mari, d’après les conseils d’un de ses courtisans. Renfermée dans une tour de marbre, elle passoit le jour dans la tristesse et les nuits étoient plus tristes encore. Personne ne pourroit raconter toutes les peines qu’elle essuya pendant plus de deux ans qu’elle y resta. Elle songeoit sans cesse à son amant. Ah ! Gugemer, je vous ai vu pour mon malheur, mais je préfère la mort plutôt que de souf-