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LAI DE GUGEMER.

de leurs amours, et se confondoient dans leurs embrassements. La dame prenant la parole dit : Mon doux ami, de sinistres pressentiments m’annoncent que je vous perdrai, et que nous serons découverts ; mais si vous venez à mourir, je ne veux plus vivre. Si vous vous échappez, vous pourrez faire une autre conquête, et j’en périrai de chagrin. Ah ! si j’étois forcée de vous quitter, non-seulement je ne ferois point d’autre ami, mais je n’aurois plus ni joie ni repos, ni paix. Pour vous donner un gage de ma foi, vous allez me remettre votre chemise, j’y ferai un pli dans un des coins ; promettez-moi de n’aimer que la personne qui pourra le défaire. Le chevalier remet sa chemise à la dame ; elle fait un nœud arrangé de telle manière qu’il ne pouvoit