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que suivre en tout point les indications biographiques et les erreurs grossières de celui qu’il appelle le savant abbé de La Rue, et qui ne montrait guère de scrupules pour affirmer sans preuve ou même contre la vérité évidente, des erreurs impardonnables. Ni l’un ni l’autre ne soupçonnait l’identité de Marie de France avec Marie de Compiègne. En effet, Roquefort, dans son Lexique Roman, cite plusieurs vers d’un fableau [1] intitulé l’Évangile as fames, qu’il attribue à Marie de Compiègne, et dont la rédaction première au moins est bien d’elle comme j’espère le prouver dans la conclusion de ce travail ; et dans la liste des auteurs cités dans la Table qu’il place à la fin de l’ouvrage, il donne séparément Marie de France pour ses Lais et ses Fables, et Marie de Compiègne pour le fableau l’Évangile as fames. D’autre part, il ne fait pas figurer ce fableau dans l’édition des œuvres de Marie de France, laquelle est postérieure au Lexique Roman. Il distingue donc deux Marie, bien à tort, selon nous.

Des critiques plus sérieux ont depuis lors étudié incidemment la vie et les œuvres de Marie par exemple, M. Méon (Le Roman du Renard, Paris, 1826, i. pp.vii, sqq.) M. A. Rothe (Les Romans du Renard examinés, etc, Paris 1845, pp. 316, sqq.) ; M. de Reiffenberg (Chronique de Ph. Mouskès, i, pp. cxciii, sqq.), qui tous s’accordent à reconnaître que Marie florissait au milieu du treizième siècle mais sans trancher la question du lieu de sa naissance. M. Edouard Mall, dans une thèse de doctorat soutenue à Hall, en 1867[2], a présenté quelques-uns des arguments que nous avions déjà présentés, nous-même à la Société historique de Compiègne avant d’avoir connaissance de son travail, et il

  1. Forme préférable à fabliau qui est un barbarisme, en vieux français et en français moderne, comme l’a fort bien fait observer M. Gaston Paris (V. Romania, t. iii, p. 292).
  2. De ætate rebusque Mariæ Francicæ nova quæstis instituitur. Dissertatio inauguralis, etc.