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V
À QUI DOIT-ON ATTRIBUER L’ÉVANGILE AUX FEMMES

Plusieurs critiques, au xvie et au xviie siècle, et M. Jubinal, au xixe, ont attribué, sans discussion, il est vrai, l’Évangile aux femmes à Jehan Dupain ou Durpain, moine de l’abbaye de Notre-Dame de Vaucelles, près Cambrai, de l’ordre de Citeaux, lequel, d’après les auteurs de biographies les plus accrédités, serait né en 1302, dans le Bourbonnais, et mort en 1372, près de Liège, à l’abbaye des Guillemins, où il fut enterré. Jehan Durpain semble avoir été un personnage considérable dans les lettres au xive siècle, à cette époque de transition, où le moyen-âge se mourait, et où la langue, après une brillante période de riche et puissante production, semblait hésiter entre un passé déjà mort et un avenir inconnu qui allait amener la renaissance des lettres anciennes. La Croix du Maine le qualifie de théologien, de médecin, de poète français et d’orateur, quoiqu’il dise quelque part :

« Je ne suis clerc ne usagez
Je ne scay latin ne ebrieix. »

Il est surtout connu par un ouvrage de longue haleine, mélange de prose et de vers, comme on en trouve plusieurs à cette époque, qui a pour titre dans certains manuscrits : Le livre de bonne vie, et dans d’autres : Le Champ vertueux de bonne vie. Cet ouvrage paraît avoir joui pendant deux siècles d’une grande faveur, car on en connaît deux éditions faites à des intervalles assez rapprochés, la première en 1495, à Chambéry, la deuxième à Paris, vers 1520. Il est divisé en deux parties : l’une, en prose, comprend sept livres ; l’autre, en vers, ne comprend qu’un livre qui semble