61 voulu mettre au jour les mss avec les leçons qu’ils présentaient, nous permettant seulement de proposer quelques corrections qui nous paraissaient probables. De plus habiles pourront sans doute avec ces matériaux, scrupuleusement fournis à la critique dans leur intégrité, dégager le véritable texte, et établir la filiation des mss. (Pour les 14 premiers couplets, voir les variantes mises au bas du texte du ms A.) ’XV. Couvens de Cantimpré, je di bien et tesmoingne Pesiblement vivez n’est mestier c’on vous poingne Mestre Ysabiaus i est, quanques puet du nez froingne, Dont n’i a si hardye qui forment nel resoingne. Couvent de Cantimpré, je dis bien et rends témoignage de ceci Vivez paisiblement Il n’est pas besoin qu’on vous excite; Maître Isabeau est là autant qu’elle peut, elle fronce le nez De sorte qu.’il n’y a femme si hardie qui ne la craigne fortement. XV. a. M. Jubinal lit à tort conve; s, qui ne me parait pas convenir au reste du couplet. D’ailleurs il y a bien couvens. XV. 1. Couvens de Cantimpré. L’abbaye de Cantimpré ou Cantipré, de l’ordre de Saint-Augustin, fut fondée en 1180, sous le vocable de Notre-Dame, à 4 ou 5 lieues de Cambrai. XV. 2. rYlestier == besoin, de ministerium = service, d’où par extension nécessité, besoin. XV. 3. ltTestre Ysabeau. Ysabeau a-t-il jamais été un nom masculin, ce que semblerait indiquer le mot mestre ? ou bien faut-il corriger et lira xostre~ D’autre part, le féminin hardye, au quatrième vers, semble indiquer qu’il s’agit de femmes à commander. Faut-il croire que l’abbaye de Cantimpré renfermait des femmes, et qu’il s’agirait ici d’une abbesse acariâtre et justement redoutée? Ce sont là tout autant de questions bien difficiles à trancher. Au fond, cela n’a qu’une importance secondaire pour le but que nous nous proposons. Froingne, de ~rongnier, qu’on rencontre plusieurs fois dans Froissart Le cheval commença a hennir et a frongnier et a frapper du pied en terre. Ce mot vient de l’ancien adjectif frurc = froncé, tiré d’un radical germanique. XV. 4 Forment, forte syncope pour forteme~at. Nel = ne le, le étaet d’ailleurs la forme picarde du féminin, semblable au masculin, comme nous l’avons constaté plusieurs fois dans le ms A. Resoingnier == craindre (sP préoccùper de quelqu’un ou de quelque chose). de re et soin(Cf. A. XX. 2. Note). Cf. ce passage d’Eustache Deschamps: Je ressoigne ale?’ au mozcstier Pour les lairons de Jhesus-Crit, Truans, caymans, etc.
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